David Gheron Tretiakoff
Immolation I, II, III, IV, 2016
Le quadriptyque Immolation montre quatre révolutionnaires arabes qui se sont sacrifiés en public en s’immolant par le feu, des gestes de désespoir qui ont amorcé le Printemps arabe. Les dessins lugubres ont été réalisés à l’aide de trous faits par des cigarettes fumantes, une référence directe aux tortures et aux bûchers bien qu’il s’agisse en l’occurrence d’actes de résistance ultime sous forme d’autodestruction.
Les portraits ont été minutieusement réalisés sur de fragiles feuilles de papier en grand format. La vue est affreusement détaillée. Les visages enflammés des hommes, entourés de flammes, semblent se consumer sur place sous une torture incessante ; les trous de brûlure à travers le papier dessinent un tracé de cicatrices. Tuymans attire l’attention sur la conséquence cynique du procédé utilisé : « réaliser ces dessins avec l’extrémité d’une cigarette allumée sur la structure fragile du papier de riz produit une beauté presque poétique ». Tretiakoff présente ici le déchirement de la religiosité politique et de la résistance. Les martyrs qu’il montre sont Mohamed Bouazizi de Tunisie, Ahmad Hachem As-Sayyed d’Égypte, Ahmad al-Matarneh de Jordanie et Hamza Al-Khatib de Syrie.
Texte: Hans Willemse
Traductions: Isabelle Grynberg