Pendant le festival culturel de la ville Antwerpen Barok 2018. Rubens inspireert, le M HKA, le Musée d’Art Contemporaine d’Anvers, oppose l’esprit des maîtres du baroque à la vision des grands artistes contemporains. Avec l’exposition Sanguine/Bloedrood, le commissaire d’exposition Luc Tuymans veut surprendre le visiteur en mettant en dialogue des œuvres phares du baroque de Francisco de Zurbarán, Caravaggio et Anthony van Dyck avec des œuvres de maîtres contemporains classiques, comme On Kawara et Edward Kienholz, complétées par de nouvelles œuvres des vedettes contemporaines telles que Zhang Enli, Takashi Murakami, Michaël Borremans, Sigmar Polke et Tobias Rheberger.

antwerpenbarok2018.be

Francisco de Zurbarán

image: (c) MNHA / Tom Lucas, Private Collection, Private Collection | Courtesy of the National Museum of History and Art Luxembourg, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten Antwerpen (2021)
The Martyrdom of Saint Sebastian, 1650-1655
Peinture , 199.7 x 105.5 cm
oil on canvas

Sébastien était capitaine de la garde prétorienne qui devait protéger l’empereur romain Dioclétien. Lorsque l’empereur découvre que Sébastien s’est converti au christianisme, il le fait attacher à un arbre et commande aux archers de le percer de flèches. Ceux-ci s’exécutent et le laissent pour mort. Sainte Irène de Rome trouve Sébastien à l’agonie et lui prodigue des soins qui le remettent miraculeusement sur pied. Une fois guéri, Sébastien dénonce les persécutions religieuses et les atrocités commises par l’empereur. En réponse à cette admonestation morale, Dioclétien ordonne sa mise à mort par coups de verges. Ceci s’est déroulé en l’an 288.

Depuis le VIe siècle, les artistes représentent le corps de Sébastien transpercé de flèches, souvent dans une posture debout et déhanchée. Les croyants attribuaient à Sébastien des forces qu’on prêtait autrefois à Apollon – le dieu grec et archer célèbre pour frapper de la peste ceux qu’il punit, mais pouvant aussi rapidement faire disparaître l’épidémie. La dévotion du saint s’est rapidement diffusée à travers les villes et régions densément peuplées où sévissaient des épidémies à répétition. Il en fut de même en Andalousie, où les victimes de la peste bubonique et du choléra vouaient une adoration à saint Sébastien et à saint Roch.

On suppose que Zurbarán a peint ce tableau impressionnant pour le monastère San Agustín à Séville, le principal édifice et établissement de soins de l’ordre des Augustins dans la région. Le saint se détache clairement sur fond de ciel sombre et de paysage abandonné. Dans une salle commune d’un hospice ou dans une salle de prière, il se reconnaît de loin. Zurbarán a attribué au visage du saint des traits individuels très caractéristiques.

Texte: Nico Van Hout, 2018