Pierre Huyghe

Dans Sanguine/Bloedrood, on peut voir son œuvre Human Mask de 2014 : un reportage mis en scène dans lequel un petit singe masqué subit la solitude de l’existence dans un environnement post-nucléaire. Luc Tuymans a non seulement choisi de montrer ce court-métrage artistique en raison de sa précision picturale et de son urgence sociétale, mais aussi pour sa remarquable théâtralité. Une théâtralité de nature animale que le masque de théâtre No rend en même temps humaine et anonyme. Le scénario, en partie inspiré de faits réels, se déroule dans le paysage dévasté de Fukushima. Là, dans un restaurant vide et en ruine, la créature hybride semble attendre des clients qui n’arrivent jamais. Dressé pour servir dans un restaurant, l’animal arpente le lieu fantôme avec impatience, tend l’oreille pour écouter si quelqu’un vient ou regarde par la fenêtre. Le brassage de faits et de fiction donne lieu à un cadre surréaliste, un mélange de comportement routinier, de faux espoirs et de vaines attentes. Le film dure 19 minutes et est projeté sur le mur en image horizontale.
Text: Hans Willemse
Traductions: Isabelle Grynberg