Pendant le festival culturel de la ville Antwerpen Barok 2018. Rubens inspireert, le M HKA, le Musée d’Art Contemporaine d’Anvers, oppose l’esprit des maîtres du baroque à la vision des grands artistes contemporains. Avec l’exposition Sanguine/Bloedrood, le commissaire d’exposition Luc Tuymans veut surprendre le visiteur en mettant en dialogue des œuvres phares du baroque de Francisco de Zurbarán, Caravaggio et Anthony van Dyck avec des œuvres de maîtres contemporains classiques, comme On Kawara et Edward Kienholz, complétées par de nouvelles œuvres des vedettes contemporaines telles que Zhang Enli, Takashi Murakami, Michaël Borremans, Sigmar Polke et Tobias Rheberger.

antwerpenbarok2018.be

Sanguine/Bloedrood. Luc Tuymans on Baroque

KMSKA © www.lukasweb.be - Art in Flanders vzw, foto Hugo Maertens
Een sjouwer
Peinture , 31 x 19 x 0.8 cm, 54.4 x 42.4 x 7.5 cm
oil on wood

Le couvre-chef redressé de cet homme donne à penser que l’homme représenté est un débardeur. Sa veste gris brun sans manches est retenue sous la panse par une corde. Il nous fixe d’un regard un peu trouble et semble se demander pourquoi le peintre lui fait adopter une pose de ballet. Par ce portrait au format de poche d’un travailleur qui pose comme un noble poserait pour un portrait officiel, le peintre veut sans doute amuser la galerie. Peut-être a-t-il vu dans son modèle une version flamande de Polichinelle, le célèbre personnage de la Commedia dell’arte, le théâtre comique italien extraordinairement populaire en Europe à partir de la moitié du XVIe siècle.

Le pinceau de l’artiste crée par ailleurs une grande monumentalité plutôt inhabituelle dans de telles représentations. Cela s’explique par la simplicité de la composition, l’absence de tout aspect anecdotique et par le mariage subtil de nuances de gris avec de l’ocre, du bleu et du rouge. L’ombre des jambes sur le sol confère un caractère dramatique au portrait. À ce jour, on ignore qui a peint ce magnifique petit tableau. Autrefois, on l’attribuait à Adriaen Brouwer, bien que le sujet soit assez éloigné des clients de tavernes qui boivent, fument et jouent aux cartes qu’évoque en général le nom de ce maître – ou les grimaces de douleur sur les visages de ceux dont on désinfecte une plaie ou opère le pied. Il se pourrait que l’œuvre soit de la main de Gonzales Coques qui, outre de petits portraits de la haute société, a aussi peinte des scènes de genre représentant les cinq sens.

Texte: Nico Van Hout, 2018