Pendant le festival culturel de la ville Antwerpen Barok 2018. Rubens inspireert, le M HKA, le Musée d’Art Contemporaine d’Anvers, oppose l’esprit des maîtres du baroque à la vision des grands artistes contemporains. Avec l’exposition Sanguine/Bloedrood, le commissaire d’exposition Luc Tuymans veut surprendre le visiteur en mettant en dialogue des œuvres phares du baroque de Francisco de Zurbarán, Caravaggio et Anthony van Dyck avec des œuvres de maîtres contemporains classiques, comme On Kawara et Edward Kienholz, complétées par de nouvelles œuvres des vedettes contemporaines telles que Zhang Enli, Takashi Murakami, Michaël Borremans, Sigmar Polke et Tobias Rheberger.

antwerpenbarok2018.be

Sanguine/Bloedrood. Luc Tuymans on Baroque

(c)image: M HKA, Courtesy Studio Luc Tuymans
El Léon de Caracas (The Lion of Caracas), 2002
Video , 00:07:50
single channel video projection, color, sound

Javier Téllez (°1969) prend le déclin politique et économique de son pays natal, le Venezuela, comme thème de son installation vidéo Le Lion de Caracas – le lion étant le symbole héraldique de la ville. Son approche documentaire se caractérise par une grande théâtralité dont il se sert pour mettre en image, de manière implicite, les conséquences sociales de la corruption politique endémique et de la lutte de classes incessante qui sévissent dans le pays. En dehors de territoires de guerre, Caracas est l’une des villes les plus dangereuses au monde, mais Téllez ne montre pas de violence directe dans son film. Il se focalise au contraire sur l’adoration aveugle qui naît lorsqu’un lion empaillé est porté, tel un héros national, par quatre policiers armés en uniforme à travers les rues pentues vertigineuses d’un bidonville : une scène à la fois exubérante et absurde qui rappelle les processions de la Semaine sainte ou le rituel courant d’une dépouille que la police sort d'un ranchito. Quand les spectateurs, majoritairement des enfants, tentent de toucher l’animal immobile, les agents reculent maladroitement, visiblement mal à l’aise, comme un signe d’impuissance armée. Dans cette installation vidéo sans son ni dialogue, le spectateur voit la dualité du déclin politique qui est porté à l’image de manière quasi épique. Le lion de pacotille et les policiers factices suggèrent le cadre d’un événement qui aurait pu être héroïque, intemporel et monumental, mais qui ne l’est manifestement plus.

Musique : José Angel Lamas, Popule Meus, 1801

Texte: Hans Willemse
Traductions: Isabelle Grynberg