Pendant le festival culturel de la ville Antwerpen Barok 2018. Rubens inspireert, le M HKA, le Musée d’Art Contemporaine d’Anvers, oppose l’esprit des maîtres du baroque à la vision des grands artistes contemporains. Avec l’exposition Sanguine/Bloedrood, le commissaire d’exposition Luc Tuymans veut surprendre le visiteur en mettant en dialogue des œuvres phares du baroque de Francisco de Zurbarán, Caravaggio et Anthony van Dyck avec des œuvres de maîtres contemporains classiques, comme On Kawara et Edward Kienholz, complétées par de nouvelles œuvres des vedettes contemporaines telles que Zhang Enli, Takashi Murakami, Michaël Borremans, Sigmar Polke et Tobias Rheberger.

antwerpenbarok2018.be

Sanguine/Bloedrood. Luc Tuymans on Baroque

©Fondazione di Studi di Storia dell’Arte Roberto Longhi di Firenze
Fanciullo morso da un ramarro, 1596-1597
Peinture , 65.8 x 52.3 cm, with frame: 88.8 x 75.3 x 8 cm
oil on canvas

Le Caravage a sans doute peint ce tableau peu après avoir quitté Milan pour Rome. Il s’agit d’une œuvre spontanée, non pas d’une commande. À son arrivée à Rome en 1592, il cherche encore des acheteurs, des commanditaires, des mécènes. Tout comme Le jeune Bacchus malade, Garçon à la corbeille de fruits et Le joueur de luth, ce tableau fait partie de ses premières œuvres réalisées à Rome – combinant souvent le portrait et la nature morte – qui lui valent rapidement reconnaissance et renommée dans la ville éternelle. Tous les éléments qui caractérisent son art sont déjà présents : le coup de pinceau d’une précision stupéfiante, le choix de thèmes originaux ou la teneur très personnelle donnée à des thèmes célèbres, le puissant clair-obscur, la théâtralité quasi cinématographique qui semble néanmoins fidèle à la réalité.

Le garçon mordu est sans doute Mario Minitti, le modèle masculin favori du Caravage pendant une dizaine d’années, avec lequel il a cohabité pendant cinq de ces dix ans. Mario Minitti, une figure androgyne qui donne à des toiles comme Les musiciens (1595) ou Le joueur de luth (1596) une charge homo-érotique évidente, est le formidable acteur qui rend ce tableau presque moderne. On a l’impression d’entendre le cri qu’il pousse au moment où il est mordu. Après 1600, Mario Minitti a rompu ses liens avec le Caravage, fatigué des frasques et des excès incessants. Aspirant à une vie plus sereine, il s’est marié et est retourné dans sa Sicile natale où il est devenu un peintre commercial à succès à Syracuse.

Il existe deux versions quasi identiques de Garçon mordu par un lézard, l’une à la National Gallery à Londres, et l’autre à la Fondation Roberto Longhi à Florence qui regroupe la collection du légendaire critique d’art italien Roberto Longhi (1890-1970). C’est cette version qui est exposée à Anvers : légèrement plus brute et plus schématique, elle présente des contrastes un peu plus durs, ce qui accentue la réaction d’effroi du garçon.